Musiques discrètes. Espace sonore, white cube, pratiques contextuelles et curatoriales.
Thèse de doctorat
Paris 1 La Sorbonne
Dirigée par Philippe Dagen
Membres du jury: Pr. Steven Connor, Professor of English University of Cambridge / Directeur d'Etudes au London Consortium, Pr. Jean-Marie Schaeffer, Directeur d'Etudes à l'EHESS, Pr. Arnauld Pierre, Paris IV Paris Sorbonne, Pr. Pascal Rousseau, Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Soutenue en avril 2012
Résumé
La question du son dans les arts s'attache inévitablement à une réflexion sur les contextes de l'expérience artistique. Si les modèles traditionnels comme le white cube ou l'auditorium ne se montrent pas toujours adaptés pour accueillir les nouvelles typologies explorées dans le cadre du sonore, une véritable volonté de redessiner les équilibres des arts, d'en repenser les contextes et les modes de présentation est à reconnaître à l'origine de l'esthétique sonore. L’injonction à « libérer le son de la musique » (John Cage) n'est pas uniquement une invitation à s'opposer à l'auto-référencialité des codes musicaux ; elle est à comprendre plus largement comme une volonté programmatique de repositionner l'art au-delà des barrières l’isolant des éléments contingents de la vie. Dans le contexte interdisciplinaire des néo-avant-gardes, la dimension sonore offre des outils essentiels pour revendiquer une alternative à la règle moderniste. Entre visuel et auditif, entre structures spatiales et temporelles, une pluralité de stratégies d'hybridation remettent en cause les dispositifs conventionnels centrés sur l'objet artistique et sur son contenant, le cube blanc. Pourtant, les recherches sonores semblent dans le même temps faire réapparaitre l'essentialisme typique de la tradition musicale, au point de faire parler de néo-modernisme de l'art sonore. Ces aspects contradictoires sont symptomatiques de la complexité du « tournant sonore », phénomène que cette étude cherche à décrypter en retraçant quelques facteurs historiques, en analysant les discours théoriques, mais en posant aussi la question en termes curatoriaux. La documentation et l'analyse de quelques expériences que nous avons menées dans ce domaine offre l'occasion de mesurer les paradigmes qui émergent de l'analyse historique, ceux des pratiques extramurales par exemple, de l'art en situation, ou bien l'hypothèse de réciprocité entre son et site.
Mots-clefs : art sonore, art et musique, avant-gardes sonores, théorie sonore, sound studies, in situ, extra-muros, art en situation, intermedia, théorie de l'exposition, pratiques curatoriales, espace sonore, white cube, dispositif d'exposition, néo-avant-gardes, John Cage, Max Neuhaus, La Monte Young, Robert Morris, Anthony McCall, Michael Asher, William S. Burroughs.
Discreet musics. Sound space, white cube, contextual and curatorial practices.
Abstract
The question of sound in art is inevitably bound to a reflection on the contexts of the artistic experience. Although traditional models such as the white cube or the auditorium do not always prove to meet the needs of the new typologies explored in the field of sound, an aspiration to redefine the hierarchy of the arts, to rethink their contexts and modes of presentation must be acknowledged among the founding principles of the sound aesthetic.
John Cage’s invitation to “free sound from music” should not only be read in opposition to the auto-referentiality of the musical codes, but also, more broadly, as an aesthetic program that relocates art beyond the barriers that set it apart from the contingencies of everyday life.
Within the interdisciplinary context of the neo-avant-gardes, sound is adopted in order to claim an alternative to the modernist tradition. Between the visual and the aural, between temporal and spatial structures, a variety of hybrid strategies challenges the conventions of the artistic object and its envelope, the white cube.
Sound practices seem nevertheless to bring back the essentialism typical of the musical tradition, to such an extent that sound art has been defined as a neo-modernist practice. These contradictions are symptomatic of the complexity of the “sonic turn”, a phenomenon that this study seeks to interpret by means of an examination of historical factors and theoretical discourses, but also by addressing the issue in curatorial terms. The documentation and the analysis of some of the author’s experiences on the field thus offer an opportunity to reevaluate some of the paradigms that emerge from this historical analysis – namely, the paradigms of extramural practices, situational aesthetic and the assumption of reciprocity between sound and site.
Keywords: sound art, art and music, sound avant-garde, sound theory, sound studies, site specific, extramural, situational aesthetic, intermedia, exhibition theory, curatorial practice, sound space, white cube, exhibition display, neo-avant-garde, John Cage, Max Neuhaus, La Monte Young, Robert Morris, Anthony McCall, Michael Asher, William S. Burroughs.
Daniele Balit
Thèse de doctorat d’histoire de l’art dirigée par Philippe Dagen
Université Paris i – Panthéon Sorbonne
École doctorale : 441 Histoire de l'Art